A quand une réforme constitutionnelle pour le vote blanc ?
Au second tour de l'élection présidentielle, c'est un peu plus de 6% des électeurs qui se sont exprimés en votant blanc. Bien qu'ils soient décomptés et annexés au procès verbal, ils ne sont pas comptabilisés dans le résultat final.

Nombreuses confusions règnent autour du fameux papier blanc à en lire les nombreuses recherches internet mais pour autant celui-ci rencontre toujours autant de succès auprès de ses partisans. Et si les comptabiliser permettait de dessiner des résultats différents ? Les citoyens en mal de démocratie n'en démordent pas. Ainsi ce sont prés de 2,2 millions de bulletins blancs ou nuls qui ont été déposés dans les urnes ce dimanche. L'abstention quant à elle représente 13,6 millions de personnes.
Si la reconnaissance du vote blanc devenait une réalité, il serait dés lors comptabilisé dans le total des exprimés et deviendrait un candidat à part entière. Emmanuel Macron aurait été élu avec 54,7% , 41,5% pour Marine Le Pen et 6,5% pour le vote blanc. La prise en compte du papier blanc réduirait l’abstention et serait une véritable prise en comptes des aspirations des électeurs. Avec une prise en compte de l'abstention, Emmanuel Macron aurait ainsi obtenu 38,5 % et Marine Le Pen 27,3 %.
Évolution des différents résultats du second tour de l'élection présidentielle depuis 1965

Seules les machines électroniques proposent vraiment l'option « vote blanc », puisque dans les bureaux de vote traditionnels , les bulletins blancs ne sont toujours pas distribués.
Différence entre bulletin blanc et bulletin nul:
le vote nul est souvent présenté comme une « erreur de manipulation ». Volontairement ou non, il comporte un signe de reconnaissance, qui contrevient au secret du vote. Il peut s’agir d’un bulletin annoté ou déchiré, non réglementaire (format, couleur, papier…) ou déposé sans enveloppe.
le vote blanc est une absence de choix d’un candidat ou d’une liste, qui reste neutre. Il peut prendre la forme d’une enveloppe vide ou d’un bulletin vierge qui doit avoir les mêmes caractéristiques (taille, couleur, grammage) que les bulletins des candidats.
Un chercheur en sociologie, Jérémie Moualek spécialiste du vote blanc, ne fait aucune différence entre vote blanc ou nul:
« Pour ma thèse, j’ai étudié seize mille bulletins nuls, explique le doctorant. Or, 90 % d’entre eux ont le même esprit qu’un vote blanc. En divisant en deux la même expression volontaire, la loi euphémise le phénomène et ajoute de la confusion. »
Une réforme constitutionnelle pour le vote blanc:
La reconnaissance du vote blanc exige une réforme constitutionelle. En effet l'article 7 de la Constitution.
« le président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages exprimés »
Si les votes blancs étaient décomptés comme tels, nul doute qu'une véritable crise de légitimité du président élu serait certaine puisqu'il obtiendrait moins de 50 % des voix. Dans le cadre d'une réforme de la Consitution, le vote blanc deviendrait donc un candidat à par entière.
Ce qui existe ailleurs
La distinction entre "blanc et nul" en France est une première étape démocratique.
Au Brésil et au Costa Rica c'est également le cas. En Espagne, les votes blancs comptent mais ils ne sont pas inclus dans les suffrages exprimés.
La Suisse comptabilise ses bulletins blancs uniquement pour le second tour. La Suède reconnaît le vote blanc seulement pour les référendums. Pour que le non gagne, il doit absolument être supérieur à la majorité absolue des suffrages et ce votes blancs compris.
Peut-être que la France devrait prendre exemple sur la Colombie ou le vote blanc peut invalider une élection présidentielle: dans la ville de Bello, un candidat qui se présentait sans adversaire a été invalidé en 2011 par une majorité de 56,7 % de votes blancs. Attention seule la première élection est invalidée.
aboutirait à des situations où le candidat arrivé en tête obtiendrait moins de 50 % des voix, ce qui « peut ouvrir une vraie crise de légitimité du président ainsi élu »,
Les 2,2 millions de bulletins blancs ou nuls ainsi que les 13,6 millions d’abstentionnistes de ce second tour dessinent des résultats très différents lorsqu’on les comptabilise.